martha rosler
Photomontage de l’artiste Martha Rosler
theorie du drone
« Théorie du drone »
Grégoire Chamayou
Agrégé de philosophie, Grégoire Chamayou est chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Cerphi ENS Lyon.
368 pages
La fabrique éditions
ISBN978-2-35872-047-2

 Pattern of life

« Ce sont les armes d’un terrorisme d’État » 

p95

 

On peut désormais être à la fois proches et distants, selon des dimensions inégales et combinées de « coprésence pragmatique ».

Cette combinaison originale de distance physique et de proximité oculaire fait mentir la loi classique de la distance : la grande porté ne rend plus ici la violence plus abstraite ou plus impersonnelle, mais au contraire, plus graphique et plus personnalisée.

p166

 

« C’est un régime de violence militaire à prétention humanitaire. Ce que l’on pourrait aussi appeler un pouvoir humilitaire. (…) politiquement, la faiblesse de l’argument a toujours été que ceux qui optent pour le moindre mal tendent très vite à oublier qu’ils on choisi le mal »

p196

 

« Le drone, dont on vante les capacités à mieux faire la différence entre combattants et non-combattants, abolit  en pratique ce qui forme la condition même de cette différenciation, à savoir le combat. »

p203

 

« Exposer les vies à la mort n’était pas une entorse à  la rationalité étatique, mais au contraire ce moment contingent où elle se révélait dans tout son éclat, car sa vérité, loin de résider dans la simple reproduction d’une vie réduite à un concept économico-biologique, ne se manifestait, tout comme la liberté, que dans la confrontation à la mort, non dans la conservation des vies sensibles, mais dans leur négation, dans leur sacrifice possible à de plus hautes fins. »

p248

 

« concept très appauvri de ce qu’est la vie, d’après lequel préserver la vie physique l’emporterait à tout prix, au mépris même de la nature des moyens employés, sur la sauvegarde d’une vie éthico-politique supérieure à celle-ci ».

p248

 

« L’exercice légitime de la souveraineté guerrière doit se borner à un strict principe de nécessité. (…) de même qu’un éleveur de poules ou de moutons « peut en faire usage, les consommer, et les détruire parce que , sous le rapport de l’abondance, ils font l’oeuvre de l’homme, de même, semble-t-il, on pourrait aussi dire de la puissance suprême dans l’État, le souverain, qu’il a le droit de conduire ses sujets, qui en majeure partie sont son propre produit, à la guerre comme à la chasse et à une bataille rangé comme à une partie de plaisir. Dans cette conception Zoopolitique, de la souveraineté, le rapport de propriété croise le raport d’élevage. »

p250

 

 

Ce livre rafraîchie l’art de la guerre de Sun Tzu, Machiavel ou Clausewitz. Il combine les écrans des jeux, l’expérience de Milgram, la guérilla du Che, les loups de Hobbes, le mal de Arendt, les robots et un puits de références qui démontrent que le drone a une histoire. Il est l’appareil de l’état qui devient lui-même appareil; ce à quoi le Léviathan aspirait.

Ce livre est important pour comprendre les différentes dimensions du drone.

Un humain mène une enquête sur d’autres qui analysent des formes de vie pour les viser avec un non-humain qui leur fait faire des choses… Je conseille de lire ce livre dans un moment encourageant car il en faut du courage pour accepter l’immonde.

 

Drone killing the wmd star

 

À propos de l’oeuvre de l’artiste Adam Harvey qui questionne ces techniques d’analyse de forme de vie.

À propos du blog très important de la doctorante Bénédicte Tratnjek qui observe la géographie de la ville en guerre.