Alimentation

Dans les décennies à venir, l’agriculture va être confrontée à un triple défi : Faire face à la croissance démographique tout en respectant davantage l’environnement et en intégrant la raréfaction des énergies fossiles.

p 34, Demain la faim ! – Frédéric Lemaître

D’après Ludwig Feuerbach, «L’Homme est ce qu’il mange», cela traduit mon goût pour l’alimentation. Nous allons nous appuyer sur : «Autel ». Ici l’alimentation est mise en scène. L’objet est réalisé à partir de «déchet» issu des cimetières. La pierre, le marbre et le granit proviennent de monuments funéraires qui n’étaient plus à la mode ou qui ont été abandonnés. Le marbrier avec qui j’ai travaillé, s’occupe de collecter ces pierres. Cet agencement de pierre pour constituer un «Autel» fut réalisé chez la famille Janin. Au Vernant, dans la Loire, ils élèvent des bovins et des ovins. Ils transforment la viande et font de la vente directe. La viande est issue d’une agriculture biologique. De la même manière que la statue équestre de Donatello à Padoue peut être un perchoir à Pigeon, ce monument est aussi une placette de nourrissage pour les rapaces et autres carnassiers. Les Milans noirs ou royaux disparaissent dans la région depuis la maladie de la vache folle. En effet, le changement de la réglementation pour l’équarrissage a contribué à la baisse démographique de ces populations d’oiseaux. Pour palier à cela, les restes de découpe produit par le laboratoire de transformation de la ferme du Vernant, sont disposés sur cet «autel». Je tente de restaurer un lien entre les hommes, les restes des animaux morts et les oiseaux. L’autel est situé sur la butte d’une colline, depuis le bas, en contre-plongé, nous voyons ce trait d’union sur la ligne d’Horizon entre la terre et le ciel. Là aussi, une bonne inscription dans le paysage est important pour amplifier autant les fonctions que la manière dont l’objet nous apparaît. Je conçois que l’autel existe en l’absence de notre regard quotidien. Grâce à cette placette de nourrissage le réseau trophique est stimulé. À la même table nous formons une communauté de vivant. Nous sommes des êtres commensaux. « Manger pour travailler pour manger, le tout dans une chaîne et une pyramide » cette équation à laquelle je croyais étant enfant est prise dans le filet de la complexité. Se nourrir est un verbe que j’emploie souvent. C’est une métaphore de la manière dont je me branche à des flux pour réaliser des actions, mais c’est aussi bien concret et j’ai besoin de cette énergie, de sa manière d’exciter les papilles. Je place donc ma pratique dans des systèmes d’interdépendances et des régimes d’immanences. Je suis donc sensible aux organismes génétiquement modifiés, aux radiations pour conserver, à la cinétique de l’extinction de la biodiversité, au brevetage de cette nature infinie, libre et éternelle d’effet. L’alimentation est le champ de bataille des libertés liberticides.