Sourire

Ô mes animaux, répondit Zarathoustra, continuez à babiller ainsi et laissez-moi écouter ! Votre babillage me réconforte : où l’on babile, le monde me semble étendu devant moi comme un jardin.

p 214, Ainsi parlait Zarathoustra -Friedrich Nietzsche – 1883-1885.

Les conséquences de la nature sur ma pratique, qu’elle soit actrice ou décoratrice, prêtent à sourire. Comment ne pas esquisser un tel mouvement des lèvres ? Dans l’infinie d’une nuit et sa forêt de signes, l’Humanité cherche le nord. Toute l’énergie (nucléaire comprise) employée à fabriquer des trucs et des boussoles se retourne contre nous quand la Terre tremble. «Pour rire» fut réalisée avec Guillaume Ségur, un mois après le 11 septembre 2001. Nous fûmes inspirés par le travail de Jens Haaning. Notre action consistait à diffuser des histoires drôles en Arabe littéraire dans l’espace public grâce à un dispositif proche des voitures de cirque. Dans la rue, nous avons partagé des sourires avec des personnes qui voulaient comprendre le geste. Dans les moments les plus tragiques, sourire est périlleux face au monde. C’est sans espoir, sans morale, sourire soulage comme cela blesse. C’est idiot. Faire sourire est quelque chose de difficile. Je m’aventure alors : Un oeuf qui casse, un cercueil Pepsi®, une vache qui écoute, un élevage d’éponge à Venise… Ce sont des experiences pour inviter à regarder puis prendre de la distance. Sourire marque le visage et nous indique qu’un langage commun s’instaure. Ce geste nous invite au dialogue tout en transmettant déjà quelque chose.