Grégoire Chamayou

Grégoire Chamayou, « Les chasses à l’homme », la fabrique éditions 2010. ISBN : 978-2-35872-005-2

Grégoire Chamayou, agrégé de philosophie, est chercheur à l’institut Max Plack à Berlin. Il a récemment publié les corps vils. Expérimenter sur les être humains aux XVIIIe et XIXe (2008).

« Ce lien entre sortie de l’ordre de la légalité et chasse à l’homme place durablement les exilés et les apatrides au centre de la question des rapports de prédation interhumains. » p14

« La région était très peuplé, le sol fertile, et si ces peuples se montraient industrieux, ils pourraient, par leur propre production, entretenir un négoce très avantageux avec les étrangers, n’existant que peu de choses en lesquelles ils pourraient être surpassés; mais ajoutait-il – il est à espérer que les Européens ne les initeront jamais à ce secret ».  » (André Brue, d’après Benezet. p 109.)

« Le chasseur est déjà en position d’être le maître, avant même que ne commencent les opérations ». p85

« La seule forme de liberté que l’on peut choisir à ce stade, c’est la liberté dans la mort, c’est à dire une figure abstraite de la libération ». p88

« Réconcilier la lutte pour la liberté avec celle pour sa vie était une tâche difficile puisque tout concourait, dans le système de domination, à disjoindre ces deux exigences pourtant inséparables. » p89

« L’art de la fuite est un art sémiotique, un art de la maîtrise des traces » p103

« hourvari : … un dialogue au sens d’antagonisme rationnel » p104

« Le burlesque cynégétique naît du contraste entre la bassesse des moyens employés et la grandeur du style dont on le pare. Signe des temps, les seuls motifs héroïques dont les colons semblent alors encore disposer pour orner les récits sont les faits d’armes de leurs chiens. » p107

« Enfermer les locaux, expulser les étrangers : ainsi se distribuaient les deux modalités fondamentales de l’exclusion » p117

« Bien avant Foucault, les hommes du XIXe avaient eux-même dressé ce constat d’échec structurel  de la prison et souligné l’ironie d’une chasse qui produit en réalité le gibier  qu’elle est chargée de poursuivre. » p134

« Les chasses xénophobes sont des chasses de mise en concurrence salariale. Leur logique est l’entre-prédation : exploités contre l’exploités, pauvres contre pauvres, travailleurs contre travailleurs. (…) Si le capitalisme n’a pas inventé la violence xénophobe, il l’a branchée sur les puissantes dynamiques inter-prédatrices qui sont les siennes » p159

« L’ancien cadre du droit de la guerre, où la riposte est le concept central. (…). Le droit de tuer ne se fonde pas sur ce qu’à fait l’autre, mais sur ce qu’il est et sur ce que l’on est, et sur l’ordre nécessaire de ce rapport » p 191

« Le racisme d’État (…) réduit le droit politique à une définition zoologique du droit naturel – où le droit n’a d’autres limites que celles de la puissance, et d’une puissance biologiquement définie. » p191

« Le paradoxe est que ce que l’on a appelé les droits de l’Homme a tellement à été identifié aux droits des nationaux que dès que des Hommes se présentent en tant qu’Hommes, ces droits ne peuvent pas leur être reconnus ». p 196

« comme le souligne Nicholas De Genova, elle a aussi et en même temps une fonction d’inclusion paradoxale : l’exclusion légale correspond aussi à un  » processus actif d’inclusion par l’illégalisation ». p 201

« …Judith Butler appelle « des modes complexes de gouvernementalité, difficilement réductibles à des actes souverains » ». p201

« Il faut revaloriser le travail ». action. Thierry Boutonnier. 2005.

Les fruits de la chasse à l’homme sont le produit d’un élevage. Ce livre est un outil pour libérer.