Forêt de plumes Action
« Ce festin façon fast-food est signé par Thierry Boutonnier, artiste-arboriculteur travaillant sur la domestication de l’homme sur la nature, et la scénographe Eva Habasque. Derrière le côté innocent de leur « Forêt de plumes », exposée au MAIF Social Club, se cache une réalité cauchemardesque : celle d’une forêt qui disparaît à vitesse accélérée pour répondre à nos exigences alimentaires.
Sous les arbres, le sojaC’est un fait : l’alimentation est la première cause de la déforestation, puisque 73 % de celle-ci a lieu à des fins agricoles. C’est surtout vrai en Amérique Latine, mais l’Europe est aussi concernée : sur les 60 % de produits agricoles destinés à l’importation, 10 % part en direction du vieux continent. Les importations européennes de soja, d’huile de palme, de bœuf, de bois tropical et de café auraient ainsi causé la déforestation de 3,5 millions d’hectares de forêt entre 2005 et 2017, expédiant au passage une biodiversité d’une rare richesse puisque la forêt abrite 80 % des espèces vivantes, ainsi qu’une capacité essentielle à stocker du carbone et à équilibrer nos écosystèmes. À la place, c’est la monoculture qui est privilégiée, soit un modèle qui épuise les sols et facilite l’érosion, sans compter les ravages provoqués par les pesticides dont les cultures sont arrosées. « On ne devrait même pas parler d’agriculture intensive tant la méthode de production est liée à un principe d’extraction d’une ressource sans son renouvellement possible », s’inquiète Thierry Boutonnier, lui-même fils d’agriculteurs céréaliers. |
Quel rapport avec nos nuggets ? Il est indirect mais il n’en pèse pas moins lourd sur notre impact environnemental : l’alimentation animale est ce qui coûte le plus cher à la forêt, puisque nous comptons massivement sur la production de soja pour nourrir nos cheptels. Riche en protéines, cette légumineuse permet de soutenir l’agriculture intensive hors-sol tout en accélérant la croissance des animaux qui l’ingèrent. Certains pays, tels que le Brésil, l’Argentine et les États-Unis ont bien compris le profit qu’ils pouvaient tirer de cette approche, troquant leurs espaces arborés pour la monoculture de soja (majoritairement OGM). En 2014, l’association Forest Trend estimait que 49 % de cette déforestation était illégale, concernant potentiellement des zones protégées. Malgré ce constat, l’Union européenne continue d’importer 33 millions de tonnes de soja chaque année, dont 87 % atterrissent dans l’estomac des animaux. » |
Extrait de l’article paru chez Usbek et Rica, écrit par Mathilde Simon
Retrouvez les informations sur l’exposition ici, et sur le cycle de conférences de All4trees ici. Retrouvez toute la programmation sur le site du MAIF Social Club L’exposition est ouverte gratuitement au public jusqu’au 22 juillet 2023. Le MAIF Social Club se trouve au 37 rue de Turenne, 75003 Paris.
Commissariat : Lauranne Germond – COAL / Scénographie : Benjamin Gabrié |