Malabar pastoral, pâture viticole, 2018 Amboise

Malabar pastoral Ecosystème

du 12/09/2016 à 2017
Résidence de création au Lycée de la Vigne et du cheval à Amboise
Pâture viticole, vignes en hautain, arbres fruitiers, semis, osier, chevaux, table, plantations et semis participatifs
Cycle de vie : Pérenne

Dates clefs

18/10/2017
Restitution de la résidence

Ce projet s'inspire de l'œuvre "La ferme des animaux" de Georges Orwell pour les expérimentations artistiques de la résidence et peut être décrit comme un écosystème artistique. Il consiste à ouvrir les horizons et le regard des élèves sur des problématiques tel que le travail productif ou non, le sens de l’effort, les interdépendances avec son environnement et le décloisonnement des activités agricoles.

Dedans, les cochons se disputent avec les hommes, dehors les yeux des animaux ne les distinguent plus. Quant à Malabar, le cheval de trait, son labeur est honoré d’une maladie, d’un mensonge et d’une caisse de Whisky (pour les cochons). À partir d’une lecture libre de l’œuvre de G.Orwell, avec les élèves nous avons discuté des manières de faire cohabiter la vigne et le cheval. Durant notre crise agricole actuelle où une restructuration des filières raisonne comme un mur qui cloisonne, nous tentons la cohabitation du cheval et de la vigne dans le Lycée. Nous avons expérimenté avec les élèves du lycée professionnel viticole notre profond attachement pour la complexité du Vivant et des associations singulières entre les Humains et les non-Humains. Nous avons donc tenté l’impossible : une pâture viticole où les chevaux allaient paître dans la vigne ou presque. Le cheval est un être singulier qui peut nous aider à élever la vigne. Cette association fut un sujet de controverses révélant des problèmes de genres, d’inégalités et de durabilité. La vigne et le cheval, voilà des partenaires particuliers à découvrir dans le Lycée."
La résidence a donc consisté à faire des interventions en classe et des ateliers pour co-construire cette pâture viticole.

 

Compte-rendu de discussion téléphonique avec Didier Barral (27/01/17 - 10h30)

Didier B. : Tout d’abord, nous plantons de la vigne pour faire du vin. J’ai commencé le pâturage dans les vignes avec des chevaux pour la travailler avec. Il ne faut pas trop d’animaux et il faut faire attention aux fils de fer. Le pâturage favorise la reproduction des vers de Terre. Le fumier mélangé à l’urine est moins bien que le crottin ou la bouse, en effet, ces derniers apports organiques sont de véritable habitats pour la reproduction. L’urine empêche la reproduction. Le labour mécanique détruit les insectes et il est superficiel.

Les lombrics m’aident à aérer le sol sur 4 à 6 mètres de profondeurs. Les vers font le travail de labour à 80-90%. Le sol est bien perméable ce qui augmente la buvabilité du vin. Il faut un troupeau rustique (salers, tarentaise, jersey...) et diversifié : vaches, chevaux, ânes...

Moi, j’ai 60 vaches, 2 chevaux, 1 mûle, 1 annesse. Les chevaux tasse un peu plus. Les trois premières années d’amorce du pâturage dans les vignes sont difficiles mais après c’est le luxe. Je suis tranquille. Le cycle de pâture s’étale de novembre à avril. Il est court, il faut une rotation chaque semaine.

Témoignage de Thierry Puzelat parût dans Vignerons nature de la Loire, Оd. Le lou du Lac :

« Conserver de l’herbe entre les rangs de vignes mais pas trop quand même, c’est entretenir la vie microbienne du sol. Trèfles nains ou violets, pissenlits, vesces, luzernes sauvages, oseilles... apportent chacun son lot de potasse, de silice ou d’azote... tous nécessaires à l’équilibre du sol. Pour certains, arriver à un enherbement total des vignes, ce serait l’apothéose ! Envisager la vigne comme on fait le meilleur cidre : les pommiers sont dans des champs d’herbes, avec des vaches qui les paissent et enrichissent les sols avec le fumier qu’elle produisent, une fumure parfaitement naturelle. Il ne faut pas perdre de vue que tout ce travail n’a qu’un seul but : arriver aux vendanges avec des raisins sains et mûrs.

Remerciements

Drac, Draaf, Lycée de la vigne et du cheval d'Amboise, les haras nationaux, Sylvestre Gremy, Charlie Rojo, Frédéric Fourmont et tous les Lycéens.